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eloge de la solitude

MARDI

Après des mois d’attentes, de tergiversions, et de changement de programme, le grand moment tant attendu de se retrouver seule avec moi-même se présente enfin ! Prendre le large quelques jours, prendre le temps de prendre le temps, seule, dans un lieu inconnu, pour me retrouver face à moi-même !

Ça y est, mes jours off sont bookés.

Il va être temps de suivre mon instinct, mes envies, sans obligation aucune, à part le fait d’être présente à moi-même. J’ai tellement hâte. J’ai une envie de neige, de ballons, de lacs, de randonnées à deux pas de la maison, je me demande bien pourquoi j’ai attendu tant de temps avant de me décider enfin?

L’organisation a toujours été mon fort (sentez-moi ce doux parfum d’ironie). J’ai beau avoir booké dans mon agenda mes dix jours, depuis quelques semaines, je ne sais toujours pas où aller. Je parts dans deux jours.

Ok, mais vers où ?  C’est le début de la négociation interne : Je ne sais pas du tout où aller ! « Écoute tes envies… où veux-tu aller ? », je ne sais pas ! « Alors ferme les yeux, et pense y encore plus fort ! Où veux-tu aller ? ».  En Auvergne. Ça sera l’Auvergne !  (En vrai, cette négociation à pris presque 12h) … Oui oui… Je suis une force de décision à l’état pure, (Vous le sentez là encore ? Ce doux parfum ? Bien ! ).

 

JEUDI

Jour J pour prendre la route. The D-Day! Appelez cela comme vous le voulez.  Le GPS indique 7h de route. 7h, en solo, une presque journée. Ça devrait le faire, entre musique, paysage et introspection.

Oui, ça devrait, mais avec une nuit blanche dans les dents, faite de doutes, de todolist qui se fait et se défait, de scénarios catastrophes en tout genre, de vérification mentale du sac toutes les cinq minutes, de checkup nocturne mental de la bagnole, j’ai un sérieux doute sur mes capacités à tenir cette route sereinement.

Neige route café roadtrip

7h vous avez dit ?

Il me faudra 10h pour la faire la route ! Entre fatigue, pauses pipi, erreurs de sorties, détours en tout genre.

Mais qu’importe! Ces dix heures furent magiques. La nature m’a accompagnée avec de magnifiques paysages, et toutes les conditions climatiques, allant du brouillard, à la tempête de vent saisissante, en passant par le soleil le plus radieux jusqu’à l’averse la plus folle de ces dernières semaines. Tout cela, en douceur et en musique.

Alors oui, dix heures en solo, c’est long, très long même, mais quel magnifique spectacle, quelles belles sensations que de voir ce bitume défiler sous mes roues sous ces conditions.

J’ai presque vécu deux saisons en une journée. Le temps et sa relativité me surprendront toujours.

Jeudi

Vichy!

Les yeux brûlants et les nerfs à vif, j’arrive enfin à Vichy.

J’avais Vichy dans le cœur depuis quelques années, souvenir de passage d’un jour : Vichy sous le soleil, sous les rires, et les rencontres hasardeuse des curistes qui nous faisaient partager leur gobelet d’eau remplie de souffre. Je me rappelais aussi de ce parc et de cette rivière, pré de laquelle je m'étais faite la promesse de revenir.

Ne jamais faire de promesse qu’on ne pourra tenir. N’est-ce pas ?

Vichy, me voilà !

Je dépose mes affaires dans une chambre d’hôtel froide, toute blanche qui pue un drôle de mélange entre alcool, clope et naphtaline. « Une nuit va… ça va le faire pour une nuit ! non ? ». Bien sur que ça va le faire, et puis je n’ai plus choix, c’est déjà réglé! En vrai, j'étais aussi trop épuisée pour en chercher une autre.

Je pousse le thermostat à fond et me sauve découvrir de nuit la ville de Vichy.

Quelle joie! Je vais enfin la revoir sous ses belles lumières ! Que je me dis, car en fait, je vais me perdre une bonne heure, entre tours, détours coins et recoins, je vais chercher les lumières quelques temps avant de les trouver, avec cette étrange impression de ne plus retrouver le Vichy que j'avais tant aimé auparavant.

J’en serai même déçue, avant de finalement en découvrir un autre aspect.

Ancre 1

Le problème des attentes et des projections, c’est qu’elles nous déçoivent très souvent. Alors que partir avec la simple attente de la découverte, là se trouve peut-être la clé ? Ne rien attendre, de rien, ni de personne, cela va de soi.  Et cet autre aspect, éveille rapidement ma curiosité. Alors je la suis, cette envie d’en voir davantage, et j’avance.

 

Tout droit. Toujours tout droit, encore et encore sans voir le temps passer, sans prêter attention au nombre de rues que j’aurai empruntées.

Elles sont belles ces lumières, et cette nuit! En cet instant, je peux vous le dire, je me sens remplie de vie, heureuse d’être partie.

Et je continue d’avancer, d’arpenter les rues, les détours au gré de mes envies, car j'aime cela.

Marcher sans savoir où aller… j'aime tellement ça ! J’ai l’impression de renouer avec un sentiment trop longtemps enfuit, trop longtemps oublié, que j’en marche presque de boulimie, ne sentant pas l’ampoule qui se forme derrière mon talon, ni la faim qui commence à arriver.

 

Que s’est-il bien passé pour que j’ai oublié cela en moi ?

La réponse, je la connais en partie, c'est une réponse qui m'échappe tant elle m'attriste. La santé... Foutue santé!

A chaque nouveau pas que je fais, c’est un souffle en plus que j’inspire, c’est des milliards de particules d’air que je respire encore et encore, qui me nourrissent et me bercent à la fois, je me sens en vie.

Tellement en vie… Marcher, c’est la vie, dit celle qui a failli perdre ses jambes un jour.

 

Je croise peu de personnes ce soir, je flotte dans ce sentiment partagé entre liberté et léger malaise, aimer promener seule la nuit ne fait pas bon ménage avec sécurité lorsqu’on est femme : j’ai ma bombe au poivre dans la poche de mon sac (encore faut-il savoir s’en servir) !

Et je continue de marcher dans la ville, de la découvrir de nuit, de prendre quelques photos, jusqu’à ce que la faim me supplie de m’arrêter.

 

J’ai les yeux qui brûlent.

Dialogue intérieur : « On peut aller se coucher ? » Oui après manger ! J’ai faim en fait « Oui… il se fait faim et fatigue ».

La faim… il est presque 23h…

Je trouve un chouette petit resto dans lequel un burger végétarien fera mon plaisir.

Certaines personnes n’aiment pas sortir manger seule, perso, je l’aime bien cette solitude, elle me permet de suivre mes envies sereinement.

J’aime la chercher, la trouver, jouer avec, lui parler, et l’écouter aussi, surtout. C’est une très belle amie, une conseillère qui me permet de garder l’œil et le cœur ouverts. Constamment ouverts sur ce qui m’entoure, sur les gens, sur les saveurs, sur les odeurs, sur les lumières, sur les autres et sur la vie. Et puis, sur moi aussi.

Là, à la table juste en face de moi, une bande de jeunes, qui essaient de s’impressionner les uns les autres avec leurs histoires de bitures. Le plus jeune d’entre eux, le seul sans copine, parle un peu plus fort depuis qu’il a remarqué que leur conversation me faisait rire. Ah la jeunesse ! Cette fameuse jeunesse ! Les souvenirs de ma vingtaine ne reviennent en mémoire. Naturellement, je fais le bilan de cette décennie. Que dirait la Perrine de mes 20 ans si elle me voyait aujourd’hui ? Quelle vie voulait-elle avoir pour ses 30 ans ? D’ailleurs, combien de fois ai-je changé de vie ces dernières années en fait ? Je ne les compte même plus…

Je finis la soirée en discutant avec la patronne des lieux. Une nana rayonnante, au sourire filou et très charmeur qui me conseille une “succulente mousse au chocolat 3 pépites”. Ce dessert, c’est son préféré. Elle me fait rire, je la trouve pétillante à souhait. Les desserts et elle, me dit-elle…. Elle a pris 15 kilos depuis qu’elle a ouvert le resto. Ah bon ? Elle est très belle. Elle ne me croit pas, mais garde son sourire. Peut-être que si elle regardait moins la télé ou les réseaux sociaux ou la presse féminine, peut-être qu'elle s’en rendrait compte qu’elle est belle. Non ?

Ah mesdames, si seulement vous saviez à quel point vous êtes belles par votre sourire, par votre présence, par votre énergie, par votre cœur, par votre regard, par votre réflexion, par vos combats, par votre force et votre délicatesse, par tout ce que vous êtes … ! Si seulement vous saviez que vous êtes belles juste parce que vous êtes ! On pourrait toutes ensemble faire tomber ces vieux dictats de la société, fait de manipulations, appels à consommation, consumérisme, dévalorisations, contrôles, patriarcat et j’en passe… ! Ah… si seulement !

 

Une de ses potes au bar, juste en face de moi, a passé la soirée à tenter de se selfiser discrètement (si ce mot n’existe pas encore, maintenant ça l'est) en cachette de ses copines. Quand je dis la soirée, c’est vraiment la soirée. Je ne peux m’empêcher de trouver cette situation tant aberrante que marrante : “abémarrante”. A l’époque du 2.0, plus rien ne me surprend, vivre avec son temps, blablabla. Mais tout de même ! Je ne saurai pas si elle a réussi à avoir son selfie préféré. Ni quel sera son meilleur profil. Ni ce qu’elle en fera de cette photo qui lui aura pris la soirée… mais je sais qu'elle m'aura fait sourire. Je l’ai prise en photos, qui se prenait en photo, aussi discrète l’une que l’autre !

Le sourire aux lèvres, remplie car cette journée, ces regards, ces rires et de ces scènes de vie. Maintenant, je peux rentrer me coucher.

Le lit est dur, la couette est fine, mais chaude.

Peut-être va-t-on bien dormir… ? “On”: moi, ma petite voix intérieure, mon doudou et tout le reste !

Les photos du jour : ici

Vendredi

Vendredi

Je ne sais à quel moment le vendredi commence.

A minuit ? A l’une des nombreuses fois pendant lesquelles j’ai tenté la négociation avec la foutue ventilation qui a sifflé toute la nuit ? Au moment où je sors du lit laborieusement pour ranger mes sacs ? Ou lorsque je me plonge sous l’eau chaude pour détendre les nerfs douloureux ? Les nuits blanches et accumulations de fatigue me sont parfois difficiles à supporter (fibromyalgie bonjour !).

Apprendre à vire et à composer avec cette « particularité » est l’un de mes défit de cette nouvelle vie. L’écouter, la comprendre, jongler entre mes envies, mes frustrations… une vraie aventure !

Certains parlent de maladie, pour moi, c’est « juste » un dérèglement de mon système nerveux, qui provoque crises de douleurs et de fatigues intenses, très handicapantes par moment certes, mais je ne suis pas malade, et refuse de me voir comme telle. Je ne prends aucun traitement, c’est en m’apportant des doses de bonheur en barre, en puissance, en douceur, ou en bienveillance, que j’arrive à tenir le cap.

 

Ce matin je me lève donc le corps raide et douloureux comme si j'avais presque 75 ans. En vrai… je ne sais pas ce que ça fait d'avoir un corps de 75 ans, mais, je ne peux que l’imaginer, et disons que ça me plait, j’y trouve une part d’amusement dans cette auto dérision.

Alors ce matin, là, tout de suite, j’ai 75 ans !

Je sors de la douche, chaude,  en ayant 55 ans, puis après avoir chargé la voiture (pourquoi ai-je toujours trop d’affaires ?) suivi du petit déj’, je regagne doucement la trentaine.

Il y a bien-sûr, différents types de trentaine. Moi j’ai l’âge d’une trentenaire hyper crevée mais tellement contente d’avoir la journée pour balader. Les douleurs se sont estompées, le moral est en place je profite du chocolat et du café à volonté avec bonheur.

Avoir la faculté de rajeunir pendant la journée est l’un de mes petits privilèges que j’ai appris à savourer !

J'ai quelques heures libres avant de pouvoir regagner le logement.

Programme: balader dans Vichy de jour cette fois - ci.

Direction le parc qui qui me plaisait tant. Pour y aller il faut monter les trottoirs en travaux, croiser les machines de chantiers, et passer par-dessus les trous creusés. Vichy se rénove. Je ne la reconnais pas.

Vichy est vide. Je ne croise personne. Le parc est vide lui aussi. Et la rivière, à sec.

Mes souvenirs ont mal.

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Alors, je continue de marcher, pour confronter ces souvenirs à cette nouvelle Version de Vichy.

 

De long, en large, en travers même.

Un tas de boutiques sont fermées, ou vidées, je croise des mamies emmitouflées dans leur fourrures, des jeunes branchouilles qui sortent des cours, des gens à attendre que le temps passe sur les bancs.

Le temps passe tout doucement pour chacun de nous.

Mes pas raisonnent sous les vrombissements des machines de chantier, en périphérie les voitures se klaxonnent au feu, et les rues piétonnes sont toujours aussi vides.

Je cherche des bars, à jus, à soupe, à thé, peu importe, des bars à vie.. !

Mauvais timing.

 

Ca sera donc un bar à café avant de reprendre la route, de quitter Vichy pour partir vers ma prochaine aventure : les ballons d’Auvergne.

C'est tranquillement et la fatigue au corps que je me rapproche de mon logement.

Pour une fois, je remercie cet état de fatigue chronique qui m'oblige à prendre mon temps. Tout doucement, les yeux ouverts, je m’arrête régulièrement pour profiter de ce merveilleux spectacle.  En bord de route, en milieu d'un chemin, je me sens telle une chasseuse de nuages, une chasseuse de lumière entre deux missions kilomètres.

Une mini exploratrice des temps modernes.

Les ballons apparaissent, ils sont d'une beauté, peu de choses, on est bien peu de choses face à cette immensité.

Le ciel est bleu, soleil se couche, les lourds nuages cotonneux m'accompagnent. Ce moment, c'est le mien, l'émotion me gagne, comme je l'aime cette nature, belle et douce nature.

Quelle vue magnifique, je vais me sentir bien cette petite semaine, j'en suis sure.

Quelle vue magnifique, je vais me sentir bien cette petite semaine, j'en suis sure.

Les photos ici

Samedi

Samedi

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Samedi matin, première nuit dans un lit grinçant à deux petits matelas. Ne pas tomber du lit, fut l’un de mes objectifs principal de cette nuit. Impossible de faire les étoiles de mer sans avoir les deux bras qui se suicident ! Quelle pression…

Me réchauffer, sous les trois plaids fut le second objectif de cette nuit. La tempête a chanté toute la nuit, je l’ai entendue, je l’ai sentie aussi.

La veille, la propriétaire m’avait avertie : « ne vous inquiétez pas si vous trouvez des flaques d’eau dans la salle de bain, il y a une source qui passe juste en dessous ! ».

Une source ? Très bien ! (Vous le sentez encore, ce doux parfum ?)

Qui dit source, dit maison humide, et qui dit maison humide, dit crises articulaires aiguës… Ma fibro n’aime pas l’humidité. Le réveil est compliqué, j’ai un 80 ans bien frappé ce matin.

Prendre le temps de prendre le temps, implique également prendre le temps de prendre soin de soi, et prendre soin de soi implique donc accepter le fait que les sorties de lit soient parfois si douloureuses et compliquées. J’ai la sensation que chacune de mes articulations va céder sur place.

A travers la vitre de la chambre, la lumière peine à rentrer, la neige a recouvert la fenêtre, nous avons changé une nouvelle fois de saison en l’espace de quelques heures, les ballons ont revêtu leur beau et doux manteau neigeux.

 

Le vent souffle toujours, pendant le petit dej’, pendant la douche, pendant l’habillage. Les flocons continuent de tomber non-stop.

Le niveau du sol de la maison se trouve à présent en dessous du niveau de la neige. Voilà, tu as voulu de la neige, tu en as eu ! Il va pourtant bien falloir se décider à sortir.

Dehors, l'air est frais, l'air est doux, il est vivifiant aussi.

Mais surtout, dehors, le spectacle est magnifique. Blanc de blanc!

Bonjour Isserteaux sous ton magnifique manteau d'argent!

Je crois ne jamais avoir vu de blanc aussi blanc que le blanc de la neige en temps de tempête. Ça en est presque perturbant, mon cerveau tente de recréer de la couleur de ci de là, en me balançant des points colorés imaginaires en plein milieu de la brume.

Ces points, je les suivrai tels des petits papillons de neige, diseurs de bonne aventure, la promesse d'un merveilleux spectacle.

Et je continuerai d'avancer, vers un inconnu écarlate, à la découverte d'époustouflantes silhouettes.

 

Les conditions sont propices à l'admiration.

 

Tous les repères sont chamboulés, je n’ai de visibilité qu’à une dizaine de mètres, et encore ! Face à moi, un mur laiteux, insaisissable, mystérieux. Je veux le voir, le percer, le saisir, l’admirer, et m’y perdre.

Cela tombe, cela souffle et cela m’époustoufle.

Des silhouettes se dessinent et mouvent face à moi, m'invitant à les rejoindre.

Je les suis.

Le brouillard m'engloutit

Sous le craquement de mes pas dans la neige, je pars vers une direction inconnue, vers l’ailleurs, vers le lointain.

Je ne sais où je vais, mais j'y vais.

Tout droit, puis à droite, puis entre les sapins, et puis encore tout droit, je ne distingue plus route et chemin. Seule la limite des champs est visible grâce aux clôtures et délimitation de fortune, ce qui donne un aspect encore plus énigmatique à cette nature.

 

J’aime la contempler.

 

Le temps passe, ou plutôt il s’arrête.

C’est ça, le temps s’arrête.

 

Je peux rester de longues minutes, immobile à contempler ce paysage évoluer malgré le froid et la tempête, malgré la fatigue et les douleurs. Et, dans le fond, plus rien n’existe à part ce paysage et toutes les sensations qu’il me procure.

Il n'y plus rien, ni personne qui existe autour de moi. Rien ni personne, et pourtant tellement tout à la fois. La vie, la force de la vie. "Juste" cela!

Et c'est cette solitude, heureuse, qui me permet à l'instant de la savourer. Là, présente, bien ancrée sur mes deux pieds, les yeux ouverts, le cœur vibrant, je goutte à la puissance de la force de cette vie.

Parfois, le vent souffle tellement que je n’entends plus rien autour de moi, ni même les battements de mon cœur, ni mon souffle, même plus mes pieds qui s’enfoncent dans la cinquantaine de centimètre de neige. Et pourtant, ça en fait du bruit quand vos jambes s’enfoncent jusqu'aux genoux dans la neige. Et ce pantalon de ski, qu'est ce que c'est bruyant! (enfin, vous voyez!)

Et je continue d’avancer à la recherche de nouveaux points de vue, de nouvelles images, de nouvelles beautés.

Fermer les yeux le plus souvent possible pour imprimer ces images profondement en moi.

J’écoute à peine le corps, ni ses complications, ne voulant pas sentir cette frustration du retour trop tôt, repoussant ce moment à la minute d’après, puis celle d’après, puis… tout en continuant à mette un pas devant l’autre, malgré les réticences naissantes.

Et pourtant… apprendre à s’écouter. C’est pour cela que je suis là, Non ? S’écouter… oui, mais vivre aussi. Vivre intensément !

Ce conflit interne, entre envies et frustrations, écoute de soi et acceptation. Dur Dilemme! Souvent, je ne sais le gérer qu’une fois trop tard.

C'est ainsi qu'il me faudra rentrer à la maisonnette lorsque l'eau aura percé mes vêtements, me mouillant jusqu’à l'os. Cette fois ci, je le sentais le froid. J’ai également perdu toute sensation sur le visage, l'ampoule de la veille hurle, les batteries sont vides, le sac est trempé, et aucun appareil ne me répond plus.

Mais où suis-je ?

Par où passer pour rentrer ?

Je n’ai pas mémorisé le chemin par lequel je suis passée et mes pas sont déjà recouverts d’une nouvelle couche de neige. Quel bonheur en fait, ce sentiment de solitude, de vie, je savoure cet instant.

Seule. Je suis seule et perdue au milieu de nulle part.

Incertitude du moment, de l'instant. Ambivalence entre tension et excitation, désir d'avancer et besoin de rentrer, envie d'en voir plus et encore, et se préserver pour les sorties d’après.

J’oscille entre ces deux parties de moi.

La lutte est rude parfois.

Trouver l’équilibre entre envie et frustration ! L’équilibre dans le déséquilibre.

Je crois qu’il est là mon nouvel apprentissage de vie. Quel beau programme non ? Quel long programme. Celui de toute une vie.

Mais, comment résister à une telle beauté, à un tel cadeau de la vie, de la nature ? Où trouver l’équilibre dans tout cela ?

Par chance, je ne suis qu’un à un bon km de la maisonnette, j’ai tourné aujourd’hui autour quelques heures sans le savoir. Le GPS se rallumera juste pour me rassurer. Les jambes et les nerfs feront le reste.

Tout droit, cela sera toujours tout droit.

Quelle chance ai-je de pouvoir vivre cela !

 

Il faudra toute la fin d’après midi ainsi qu'une bonne partie de la soirée pour que mes affaires sèchent prés du chauffage, laissant une belle flaque de neige fondue sur le sol, pendant que la tempête continuera de monter.

Et pour que le corps se réchauffe, il lui faudra un bon bain!

Les photos ici

Dimanche

Dimanche

Dimanche matin, au saut du lit.

Bercée par le souffle du vent et le bruit des flocons qui se fracassent contre la fenêtre.

 

Le réveil est semblable au précèdent : lourd, compliqué, et douloureux.

Quel âge ai-je ce jour ? Le même que le précédent. Est-ce que cela compte ? Un peu oui…  

Ce matin, ce corps, je le maudis à souhait. Il a mal, il a faim, il est lourd… Ahhh!!

Quel est le sens d'un tel réveil? Comment va se dérouler cette journée?  Je doute pendant que le corps reprend doucement vie.

" Cric, Crac, Crouc"  Les articulations craquent. Ça, c’est l’humidité !

« Vous pouvez mettre le chauffage à fond si vous voulez » m’avait conseillée la proprio vendredi dès mon arrivée. Hum... d'accord M'dame, on va le pousser à fond ce chauffage, et dans toutes les pièces même!

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Sur la table du salon, l’ordi est encore ouvert.

J’ai passé la soirée de Samedi, bloquée par la neige. Contempler les photos de la balade, répondre aux mails, aux amis, à planifier mes prochaines séances d’ateliers, tout en regardant une série, et en cuisinant avec un choco chaud à volonté…

La patience, apprendre à déconnecter, à relativiser. Encore tout un programme vous me direz!

 

Prendre sur soi, accepter que cette journée ne puisse pas être vécue aussi intensément que je ce j’avais prévu, mais en profiter tout de mème, en paix, et en sérénité, pour me retrouver avec moi. 

 

Accepter, et lâcher prise… Prendre le temps de prendre le temps, je suis là aussi et surtout pour cela.

Alors ce matin, j’ai bien-sûr hâte de sortir, et bien plus tôt que la veille pour en profiter davantage.

 

Dans les Starting-blocks, je suis prête!

(Si vous m’imaginez toute pimpante, rayonnante et frétillante, nous allons dire, pour préserver ce rapport idyllique entre vous et moi, que c’était « presque le cas ». Presque !)

Je suis donc, « prête » !  Toute pimpante, rayonnante, et frétillante. Allons gouter à cette neige à nouveau !

Mais… la porte est bloquée. La neige, le gèle, et tout le tralala...

Forcer la porte, l’ouvrir, contempler la hauteur de la neige, s’émerveiller, faire quelques pas, en pyjama (bon ok, c’était un « prête à moitié »), avoir encore plus hâte de sortir vraiment, faire demi-tour, pour finir de se préparer, claquer la porte ! Claquer la porte ! Claquer la porte ! 

Mince, claquer la putain de porte… qui ne veut pas se fermer !

 

Merde… Je crois que j’ai cassé la porte...

...

Il faudra attendre deux bonnes heures entre cet instant et le moment fatidique de la vraie sortie du jour.

Deux heures pendant lesquelles, il y aura l’arrivée de la proprio, le déblayage, le déneigement de la porte, la fin de mon habillage, tout en profitant d’un choco chaud et en se rassurant, car finalement on n’a pas cassé la porte !

 « _ Les routes sont bloquées, il n’a pas neigé ainsi depuis 15 ans…. Vous n’avez pas vraiment de chance ma pauvre, avec un tel temps ! me dira t'elle.

Pas de chance? Comment ça, "Pas de Chance" ? La notion de "chance", m’échappe parfois. Qu'est ce qu'elle entend par "pas de chance"?

Interprétation, subjectivité et relativité…

Je me trouve très chanceuse de pouvoir expérimenter les tempêtes de neige auvergnates pour la toute première fois.

_ Vous avez besoin de quelques choses ? me demandera t’elle, couverte de sa grosse doudoune noire.

_ J’ai fait les stocks vendredi soir, mais j’avoue que… Vous pensez que je peux trouver une épicerie à pieds pour une ou deux bouteilles de bière ?

_ A pieds, non… ! Vous ne trouverez rien ici ! De la bière, j’ai ce qu’il faut, je vous en ramène tout à l’heure !

 

Si mes soirées ressemblent à celle de la veille, alterner entre tisanes et bière pourra être une belle idée.

 

Lorsque j’emmitoufle mes pieds délicats dans mes rando moumoutes, c’est enfin le doux moment de sortir prendre l’air, pour du vrai, cette fois-ci ! Cela me fait un bien fou de quitter les 3 paires de chaussettes qui me servent de protection anti-carrelage-humide pour mes "chaussures d’aventure d’amour". Et oui, dans ces moments là, je les aime d'amour ces super chaussures.

C’est parti pour la chasse aux images, aux points de vue, et aux émotions.

 

Le sac est plus léger que la veille, il contient juste: biscuits, barre de chocolat, bouteille d’eau, une écharpe, deux batteries de réserve pour les deux appareils : téléphone et appareil photo, la bombe au poivre, deux ou trois médocs (ou peut-être quatre?), des mouchoirs, un second bonnet, une seconde paire de gants, un pull de rechange, un couteau "au cas où", et…

Ok, "Juste"! Ça aussi c'est un concept très relatif, non?

Dans tous les cas, ce sac, il est quand même bien plus léger que la veille, et c’est parfait !

 

Claquer la porte! Ouf... je n'ai pas cassé la porte!

Je ne sais pas où je vais, mais j’y vais.

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En deux heures de temps, le climat a changé à nouveau.

Le mur brumeux est revenu, les températures ont chuté, le silence se fait.

« Crac, crac ,crac», mes pas seront les seuls bruits qui m’accompagneront pendant cette sortie. 

Ce spectacle changeant et mouvant, me captive à nouveau, je retrouve à peine les arbres de la veille, les points de vue, les repères, la lumière est tellement différente.

 

Recouverte de son magnifique manteau d’argent, c’est une nouvelle pièce de vie que me livre à nouveau ces beaux ballons d’Auvergne.

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Alors que mon nez gèle, j’ai la larme à l’œil en voyant mes pieds s’enfoncer jusqu’à la cuisse, dans cette mousse de coton.

À part mes pas, rien ne marque cet épais tapis.

Personne n’est passé avant moi ce jour à cet endroit, ni dans le chemin suivant, ni celui d’après. Personne, à part moi !

L’émotion me gagne...

Personne d’autre n’a vu cet arbre magnifique se dessiner petit à petit à travers le brouillard, ni cette courbe qui apparait discrètement délimitant neige et brume, ni encore ces branches se courber sous le poids des grammes de neige qui la recouvre.

Personne !

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Quel cadeau pourtant !

Quelle merveille !

Quel incroyable spectacle de la nature !

A chaque pas se découvre une nouvelle vue, à chaque nouvelle vue se présente une nouvelle émotion.

Admiration et félicité, bonheur et reconnaissance. Envie d’aller encore plus loin, d’en voir encore plus, d’en sentir encore et encore, tout en restant là encore plus longtemps, pour voir ce paysage changer au fil des secondes, des minutes, du temps...

A la quête d’émotions… j’avance, les yeux grands ouverts, tantôt derrière l’œilleton, tantôt derrière mes verres. Rien d'autre n'existe à part Elle et moi... Elle, cette nature et moi.

Même le temps n'existe plus. Plus rien n'importe en fait. Plus rien n'importe vraiment.

Se nourrir d'émotions, les vivre et les communiquer... C'est tout ce que je peux faire à cet instant.

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"Crac, Crac, Crac".

Sous mes pieds, c’est l’inconnu, les courbes de la neige me prennent et me surprennent.

Elles ne suivent pas les courbes du sol. Je m'enfonce, trébuche plusieurs fois, glisse, m’improvise pantin de papier, équilibriste de fortune, ou danseuse contemporaine démembrée, c'est selon!

Je tombe même parfois, grassement ou gracieusement, là aussi c'est selon...

Qu'importe! Je suis toute seule, et ça aussi c'est un spectacle manqué pour tous ceux qui n'ont pas posé leurs pas non loin de moi. 

Une fois debout à nouveau, j’avance encore… J’y vais …

 

A travers chemins, ou pas. Suivant les panneaux, ou les arbres. Allant vers la lumières, ou vers le brouillard. Peu importe.

Peu importe où je vais, j'y vais. Et peu importe quelle direction je prends, car je la prends. C'est le mouvement qui compte, c'est le moment, c'est y être. D’y être vraiment !

Cela, je le comprends, pour ce moment et pour ma vie en général.

Peu importent l’issue, la réponse, la solution, la question, peu importent le chemin, le choix, la décision, peu importent…

Peu importent les tracas, les embuches, les obstacles, car le principal c’est d’y ÊTRE, ce qui compte, c’est de le vivre.

Vraiment, intensément, pleinement!

Comme les premières années d’un enfant... pleinement, intensément.

Comme les dernières heures d’un mourant résiliant… consciemment.

Vivre consciemment...

 

Et là, j’y SUIS, dans chacune des secondes qui marquent mes pas; consciemment !

Dans chacune des respirations que je prends; pleinement!

Dans chacun de mes souffles; posément !

Dans chacune de mes émotions; intensément !  

Dans chacune de mes pensées, légèrement !

Et dans chaque larme de joie, vraiment !

Quel cadeau !

 

Et maintenant, je peux répondre à la question de cet ami à la belle âme « Maintenant oui, je peux te le dire :  je suis pile au bon endroit… au bon moment ! »

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Le bon moment.

Le bon moment, il est là… il est ici aussi, et il est encore là…  

Il est là ici et maintenant.

Vous savez que la notion du présent, du "Maintenant" pour le cerveau dure en moyenne 3 secondes ?

Trois secondes… pendant lesquelles s’enchainent inlassablement les notions de passé, présent, et futur.

Alors qu’en fait, on est toujours « maintenant ».

Regardez : Maintenant, maintenant, maintenant, maintenant… encore maintenant, maintenant une nouvelle fois. On est toujours maintenant, une succession de « maintenant ». Pourtant, il a bien dû se dérouler une bonne quinzaine de secondes depuis ma question et ce « maintenant ». Et malgré ces quinze secondes, qui en deviennent vingt au fur et à mesure de mes mots, nous sommes encore toujours là, ici, et maintenant.

Faites le test, vous verrez. Fermez les yeux avec moi et on y va : « maintenant, maintenant, maintenant, maintenant, … »

Vous voyez? On est toujours maintenant! 

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Alors, le bon moment, c’est le Maintenant, c’est toujours Maintenant !

Pile au bon endroit, au bon moment. Et je n’aurai changé ma place, mon corps, ma vie, pour rien au monde.  

La tempête se lève à nouveau, le vent, le froid, l’humidité, me forçant à répondre aux messages que je reçois, avec le nez.

C’est toute une technique vous savez : bloquer sa respiration, loucher, placer le nez au bon endroit, tapoter avec, inspirer subitement pour éviter à la goute qui coule du nez de se poser sur l'écran, loucher à nouveau, contrôler ce qu'on a fait, envoyer du bout du nez (et oui encore une fois), respirer enfin, et vite remettre le téléphone au chaud pour qu’il ne se vide pas de toute sa batterie.

Devenue experte en la matière, je pense que les amis n'y ont vu que du feu !

La faim arrive elle aussi : « Il reste des biscuits ? Non ! T’as pris ton tup' (comprendre « Tupperware ») ? Non ! Il reste quoi ? De l’eau ! Ah…  de l'eau, t'as pris la bouteille de jus ? Non ! Ah merde ! Ouais, merde, mais y'a du chocolat ! Ouais, du chocolat, je sais, mais j'en veux pas je crois ! Ah merde... On rentre ? On rentre ! ».

On n'est jamais seule quand on est vraiment avec soi-même. Et être vraiment avec soi-même inclut ces moments de discussions internes parfois étranges. 

Je les aime.

Je repense aux mots de la proprio ce matin, et je me marre!

Ah, la "Chance" !

Avec un peu de "chance", après le repas, je pourrai ressortir à nouveau pour la chasse numéro 2 de la journée ?

Alors oui, cette tempête est une chance.

Elle m’a offerte de magnifiques scènes, de puissantes émotions, une intense confrontation avec moi-même.

Vous voyez… ?

La Chance, son concept, sa relativité.

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Allons manger !

 

Votre Pimpante, frétillante, rayonnante... (et oui, j'ai pas oublié!)

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Lundi

Lundi

Lundi matin.

Une sortie de lit presque semblable à la veille : prendre le temps de prendre le temps, de se familiariser à nouveau avec ses douleurs du réveil et cette odeur qui embaume la pièce ; un mélange d’arnica, de camphre, de gaulthérie, d’eucalyptus citronné. Ça cocotte sévère… Ça pue même !

Les draps en sont imprégnés, le corps aussi.

Depuis mon arrivée, je m’en badigeonne deux à trois fois par jours afin d’adoucir les douleurs et le corps.

Mais voilà, je « pue la vieille » !

Et la vieille, elle a 75 ans ce matin et se glisse péniblement hors des draps.

Le plancher grince sous mes pas, les genoux craquent, les poignets grincent, le cou pique et je meurs de faim. J’enfile mes trois paires de chaussettes avant de descendre vers la pièce la plus fraiche de la maison : la cuisine et son carrelage constamment humide, malgré un chauffage poussé à 25.

Dans la salle de bain, la lampe frontale est suspendue au-dessus de la baignoire. Je m’en sers de lampe d’appoint pour le soir, ne voulant pas que les voisins puissent avoir une vue directe sur mes fesses à travers la fenêtre lorsque je prends ma douche ou mon bain, chauds!

Je la récupère, et la fourre directement dans mon sac avant de lancer le petit déj'. Une envie d’œufs et de chocolat chaud.

« On va où aujourd’hui ? Là où y a de la neige ? ».

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Je suis prête.

Petit dej’ : ok !

Douche chaude : ok !

Auto massage aux huiles : ok !  (Se bruler les sinus tant le mélange est concentré, tenter de fuir sa propre odeur, en tournant la tête dans tous les sens, sans succès et puis râler, ça aussi c’est ok!).

Sac : ok !

Chaussures de marche : ok !

Claquer la porte : ok !

Ma journée de super aventurière peut enfin commencer! 

Au loin j’entends l’âne des proprios me saluer de ses braiments, il en serait presque moqueur… 

« Tais-toi va ! je suis une presque aventurière, et puis c’est tout ! ». 

 

A moins que ça soit les odeurs des huiles qui le dérange?

Non! Impossible...

 

Cette fois-ci, en sortant du chemin de la maisonnette, je prends une nouvelle direction ; à droite, puis encore à droite, puis la 3eme à gauche sous les arbres et je pars me perdre là où la neige est la plus haute.

 

« Crac, crac, crac ! »

Les températures s’adoucissent et les chemins apparaissent.

Les agri ont sorti les tracteurs, des traces de pas se découvrent dans la neige, les animaux sont de retour dans les champs et moi je profite de cette nouvelle balade solo vers l’inconnu.

"En avant!"

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Je me mets à suivre une paire de pas sortis de nul part : un humain et son chien!

Un solo pas vraiment solo est passé par là juste avant moi. Je me plais à imaginer ce couple de meilleurs amis en balade matinale, peut être un homme, pas très grand, la soixantaine, avec son chien de berger noir ?

A deux ils refont le monde, les yeux rivés vers l’horizon, comme je le fais avec mon chien.

Soixante ans, c’est l’âge que je lui donne, j’ai du mal à l’imaginer plus jeune, à vrai dire. L’appréciation de la solitude est une qualité que je trouve très rarement chez les plus jeunes. Étrange pourtant... C'est tellement bon ces moments solo.

 

Pourtant, rapidement, j’émets un doute sur mon hypothèse.

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Il a tout de même de la condition physique le Monsieur, pour réussir à s’enfoncer encore et encore dans cette neige, sans tomber.

 

Et il sait se plier dans tous les sens pour passer sous les branches cassées.

Il me donne du fil à retordre, j’en suis presque jalouse.

"Il n'a peut être pas bu 2 choco chauds ce matin, lui!"

"Ah, tais toi donc!"

Je lui imagine un fessier en béton pour son âge et un corps svelte et tonique.

Un ancien gymnaste?

Je lui invente des histoires de soirées soupes face au feu de cheminée qu’il aura peut-être chez lui, en compagnie d’une charmante petite mamie.

En vrai, je suis en manque de soupe moi aussi, et les feux de cheminée, n'en parlons pas!

 

Et puis je me dis qu’en fait, il en aura peut-être plusieurs des mamies dans son cœur et que ce soir, ça sera Jacqueline qui l’accompagnera.

 

Non, pas Jacqueline!

Il préfère Micheline !

« Crac, Crac, Crac »

 

Alors que je continue de suivre les pas de ce binôme qui m’interpelle, ils me guident à la découverte de magnifiques points de vue, la lumière perce à travers la brume.

Les branches jouent aux ombres avec le soleil, le ciel revêt son châle de bronze, brodé d'une dentelle végétale énigmatique.

Tendre instant!

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La question de ma virée en solo m’est rarement posée, les proches me connaissant, cela ne les surprend plus maintenant. 

Pourtant parfois, comme ce jour, je reçois ces questions qui restent sans réponse. Laissant derrière elles toute une traînée d’autres petites questions, elles-mêmes sans réponses. Une toile de questions qui s’éveillent et se tissent, et qui pèsent sans que je puisse m’en rendre réellement compte.

 

Je range le téléphone dans ma poche, ne sachant que répondre à cet ami interrogateur.

Automatiquement c'est mon traditionnel «entre être seule ou mal accompagnée tu sais… » que j’envoie sans trop réfléchir. Cette fameuse phrase toute faite, porteuse d’une part de vérité que je lance quand je n’ai aucune envie de m’expliquer…  

On ne pouvait tout simplement pas me souhaiter une belle journée à la place ?

Arrive la désagréable impression de devoir me justifier : « Je ne comprends pas, comment une fille comme toi... ? » Blablabla...! Il est vrai que ce célibat interpelle souvent.

Trop souvent même…

Comme si, cela n’était pas normal. Comme si quelque chose n’allait pas. Comme si quelque chose ne tournait pas rond.  Comme si j’avais une réponse à y apporter. Comme si…

Mais dans le fond qu’est-ce que j’y peux ? Et surtout, qu'est ce que j'ai besoin d’expliquer ?

Depuis quand le célibat est il une tare ?

 

Je ne pense même plus aux pas de mes deux acolytes du jour que je suivais curieusement. A la place, c’est la trainée de questions que je suis. « Comment ? », « Pourquoi… ? »…

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Je me sens énervée.

Mais qu’est-ce que ça peut bien faire ? Combien de couples autour de moi sont ensemble pour de mauvaises raisons ? Peur d’être seuls ? Habitude ? Question de finances ? Et j'en passe…  

 

Est-ce que je leur demande une justification sur les raisons qui les poussent désespérément à s’attacher l’un à l’autre, pendant que la barque trouée de leur relation sombre vers les abîmes quitte à les noyer ?
 

Me voilà énervée de me sentir énervée !

« Crac crac crac » ...

J'ai définitivement perdu la trace de mes potes de balade du jour, le paysage est magnifique, mais je n’arrive pas à le saisir, voilà que je culpabilise à présent. Culpabilité de l’énervement.

« Ben alors ? Qu’est ce qu’il t’arrive ? Reprends toi bon sang ! ». Elle est forte cette petite voix intérieure, parfois bien plus que moi, tellement bien plus forte que j’aurai bien voulu l’abandonner là sur place juste un petit instant.

L’énervement c'est moi, La culpabilité… c’est elle.

Profiter du moment tout en portant en soi un nouveau paquet de questionnements.

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Ces questions sur le célibat.

Ces fameuses questions qui portent en elles une part de la subjectivité de ceux qui les posent.

Ma subjectivité me fait très bien vivre ces moments de douce solitude qui me confrontent avec moi-même, avec mes limites, mes envies et mes besoins.

C'est ainsi, voila tout.

Alors, pourquoi attendre de moi une explication ?

 

« Crac crac crac… »

Le chemin me fait longer deux pâturages, enjamber des branches cassées, éviter les pièges des trous dans le sol.

​​

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Il est vrai que cette escapade aurait pu avoir d'autre couleurs, d'autre saveurs, si elle avait été partagée. Il est vrai...

Ça aurait très bien pu donner quelque chose du genre :

_ Chéri, j'ai faim, tu me passes les biscuits ?

_ Quels biscuits ?

_ Ceux que je t’ai demandé de prendre avant de partir.

_ Ah non, je n’ai pas de biscuits

_ Mais… je les avais posés sur la table, avant qu’on parte

_ Ah non !

_ Hum….Si, ils étaient juste devant ton nez

_ Non, je ne les ai pas vu

_ Putain… chéri… Tu te fous de moi ? Tu m'avais dit « oui oui »

_ Ah oui ! J’ai oublié.

_ T’as oublié ? (Ah le con !)

_ Oui, Mais j’ai pris le saucisson à la place…

_ Le Saucisson ?

_ Oui, le saucisson, t’en veux ? (qu’il sortira tout fier du sac !)

_ Mais Chéri, t’es con ou quoi ? je ne mange pas de saucissons ! (en essayant de ne pas m’arracher les cheveux)

Pour la fin du scénario j’hésite encore entre : mourir de faim sur place, ou continuer de sauvagement s’engueuler les pieds dans la neige.  

Peut-être même que l’un des deux aurait voulu assommer l’autre à grands coups de saucisson.

Puis peut-être même qu’on abandonnera le corps de l'autre sous la neige… qui sera découvert la semaine d’après, à peine bouffé par les vers… !

Peut-être.

 

Et tout ça pour quoi ?

Tout ça pour un paquet de biscuits oublié !

Non !

En fait ça va encore plus loin que ça...  tout cela pour de la négligence.

Riez, mais on néglige trop souvent l'importance d'un paquet de biscuits posé sur la table. En période de faim comme celle-là, c’est l’instinct de survie qui prédomine, l’instinct animal. Surtout si on n’a pas fermé l’œil de la nuit à cause de ses ronflements incessants, intoxiquée par l’odeur de ses pets, qui sait ?

Rajoutons à cela la mâchoire qui grince ou les terreurs nocturnes, ou encore les jambes sans repos.

Et oui, tout ça, pour ça !

« Crac, floc, ploc » et merde !

Le présent, l’ici, et maintenant me rappellent.

Mon pied vient de passer à travers une plaque de glace sous la neige, puis le second, j’ai les deux pieds dans l’eau.

Et merde !

L’eau s’infiltre dans mes chaussures, je dois sortir du cours d’eau invisible, et vite.

Ça m’apprendra à me laisser envahir par mes mauvaises énergies…

 

Je me sors tant bien que mal de l'eau en trébuchant et en pestant.

Bon, j'avoue, j ’ai peut-être un peu noirci le tableau en fait... 

Peut-être. Juste un peu…

Qui se sert d'un saucisson comme arme ?

Qui s’engueule pour un paquet de biscuits  ?  


Je me pose sur la butée à coté de moi, juste face aux vaches pour la pause biscuits.

 

Les fesses dans la neige et les pieds humides.

Elles ont l’air tellement tranquilles ces vaches à cet instant.

Elles sont tranquilles, elles !

J’ai presque la sensation de les déranger.

Elles se tournent vers moi.

Me regardent fixement.

Je les regarde.

On se regarde.

La tension est palpable.

Quelle est cette humaine qui vient perturber leur tranquillité avec son paquet de biscuits bruyant, son odeur de vieille qui cocote à plein nez et son air de râleuse ?

Elles me regardent. Encore !

Certaines de leurs copines arrivent, qui me regardent aussi.

Je crois vraiment que je les dérange, peut-être que je pue vraiment ?

L’une d’entre elles me fixe plus que les autres. La cheftaine du crew des vaches je suppose. « Mince t’as pas une tête à vouloir la paix dans le monde toi » !  

Entre elles et moi, la clôture. Et à dix mètres, l’ouverture de la clôture, ouverte. Elles peuvent sortir si elles le désirent.

Et si la cheffe pensait que j’étais une menace ? Et si elles décidaient de passer à l'offensive ?

« Mince, je devrais peut être bouger Non ? Non… je suis bien assise là! ». Elle est aussi très flemmarde parfois cette petite voix.

Est-ce que ça court vite, une vache ? Même avec de la neige jusqu'au ventre?

Je ne me sens pas sereine. Est-ce que quatre pâtes ça court plus vite que deux ?

Je n’ai pas une tête de killeuse et n’arrive pas à croire que l’odeur des huiles que je me trimbale sent aussi fort que cela… 

« Mesdames, vous vous faites caca sur les jambes je vous rappelle ! »

Elles me regardent toujours.

Je me remémore alors des paroles de ma sœur « les vaches c’est gentil, en général, sauf quand ça protège son petit… ».

Son petit ? Quel petit ?  

Je cherche du coin de l’œil un petit, un bébé vache, ou un ado vache. Il est où le petit ? Nous sommes début Février, voyons, ce n’est pas la saison…  Est-ce qu’il a des saisons de vêlage chez les vaches d'ailleurs… ? Mince, mon niveau pitoyable de non connaissance de la vie des vaches me surprend, mais je ne vois pas de veaux dans les parages.

  

J’en rigole tant je me trouve nulle.

Et le temps passe ainsi, jusqu’à ce qu’elles oublient ma présence.

Je reprends mon chemin, à la recherche de points de vue, de couleurs, et d’odeurs. Avant de rentrer pour manger.

 

« Crac, crac, crac »

Marcher…et encore marcher. Mes pas viendront croiser à nouveau ceux d’un binôme humain chien. Je ne sais s'il s’agit du même duo que tout à l'heure, Roger et Dédé que je les ai nommés.

Je suis heureuse de les retrouver. On n'est jamais vraiment seuls quand on balade en pleine nature dans le fond.

Et ce soir finalement, Roger préférera passer la soirée en compagnie de son Dédé, devant sa soupe et une bonne lecture. Car il aime ça aussi les moments seul.

Parfois, je plante mes pas dans ceux de Roger, parfois je les contourne, et d’autre fois je les enjambe d'un grand saut. Lorsque que je me retourne, j’y vois une fresque faite de pas dansants et virevoltants, légers et insouciants, enchaînant rondes, zig-zag, et lignes.

Finalement, à chaque pas que je laisse, c’est une question trop lourde que je décide d’abandonner, de lâcher, ici, et là.

 

Retrouvant doucement une partie de mon insouciance…

 

Le ciel se dégage, me dévoilant son magnifique ciel bleu.

Bleu, comme mon humeur qui s’adoucit à nouveau, bleu, intense et léger.

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Mardi.

Mardi

Mardi matin.

A chaque nouveau jour, son réveil.

Ce matin, l'humeur est semi morose ; un savant mélange d’envies et de lassitudes, de volontés et d’incapacités, de désirs et de frustrations. Sortir du lit m’est impossible.  

En moi se mêle une soupe de sentiments parmi lesquels il me faut faire le tri, pendant que les douleurs s’apaisent.

Je n’aime pas cette version de moi, sujette aux doutes, aux peines, aux douleurs, et pourtant, je ne peux non plus la nier.

 

Prendre le temps de prendre le temps, faire la paix avec ces différentes parties de moi-même, c’est pour cela que je suis là.

En fait, cette semaine, je la prends comme une sorte de retraite.

Une retraite méditative, introspective, explorative et créative même !

Il existe toutes sortes de retraites, et la mienne, je l’aime en musique.

Alors, musique ! 

La musique, a le don de calmer à la fois le cœur, le corps et l'esprit ! "Calmons, calmons tout mon amie". La petite voix se réveille elle aussi.

Je me remue doucement, les articulations craquent et le lit grince.

J’ai rarement passée une nuit dans un lit aussi bruyant que celui-ci et m'étonne de la sérénité dont je fais preuve ; d’habitude je me réveille en sursaut dès que j’entends une mouche péter… !

J’entame la descente du lit en mode escargot tout ramollo : les joues sont brûlées par le chauffage qui a trop soufflé la nuit, les yeux sont gonflés par le froid des journées, le reflet du miroir face au lit me tire une tronche pas possible, je lui rends la pareille, bien heureuse qu’il n’y en ait plus ailleurs dans la maisonnette. "Qui a bien idée de mettre un miroir face à un lit ?"

Le plancher est chaud sous mes pieds et craque sous mes pas, la lumière du jour le perce au travers des lames, cette ambiance est parfaite pour entamer une descente vers la salle du bas, sous un doux air de Riopy.

"Danse, danse mon amie !"

En bas, la lumière est belle.

 

Les rayons tapent sur le club jaune velours à côté de la porte d’entrée, le rendant doré brillant.

Une couleur solaire, énergique, revitalisante qui contraste avec le bleu du ciel dégagé, et la blancheur scintillante de la neige.

Manteau d’argent et ciel azur… Ça va être une belle journée.

 

Une très belle journée !

 

Sur la table, l’ordi est toujours branché, son chargeur est suspendu dans le vide, accroché à la prise de fortune à côté de l’évier. A quelques centimètres du Pc, la grande bouteille de Kro apportée par la proprio, à moitié entamée la veille, me fait de l’œil. La ranger ? La jeter ? La jeter ? ou la ranger ? Dur Dilemme…

De vous à moi, c’est assez dégueulasse de la Kro.

Vraiment dégueulasse en fait.

Une sorte de pisse d’âne, coupée à de l’eau de robinet, un breuvage étrange sans réelle saveur. J’ai pourtant bien essayé de l’apprécier hier, à plusieurs reprises, sans succès ; nature, coupée au jus multivitaminé, mélangée à de la tisane aux plantes, puis tout ensemble. Rien n’y a fait…

Alors, la ranger ou la jeter ?

Dans les deux cas, il me faudra enjamber le chargeur pendouillant, sans l’emporter avec moi.

Musique à fond, playlist détente énergétique pour coller à la belle lumière du jour, et quelque pas de danse, en préparant le petit déj’ (sans Kro').

Soudain, je ne suis plus seule dans mon monde musicalo-neigeux.

Devant les fenêtres de l’entrée, le proprio et son petit-fils se dirigent vers la maison de la fille, en face de la maisonnette. Arf, le chemin passe devant mes fenêtres.

Je me fige. « Et merde ! ».

Ils ne m'ont pas vue.

Ils passent à nouveau.

« Si je ne bouge pas, ils ne me verront pas ! ». Raisonnement basique et naïf, certes, mais instinct primaire terriblement efficace.

Ils passent une nouvelle fois, les bras chargés de courses.

Je ne bouge toujours pas !

L’œil étant attiré par le mouvement, faire partie du décor sera ma solution de camouflage.

Pour la musique à fond, là… j’avoue avoir oublié ce léger détail.

Ils repassent.

Les fenêtres sont à 5 mètres de moi, j’ai les fesses collées au plan de travail et commence à avoir froid, l’eau bout dans mon dos, je sens les vapeurs sur ma peau, nue « Et merde, il est où ce putain de pyjama ? » 

Nouveau passage.

Ils se relaient en différé, la fille s’y met elle aussi, un enchainement de déchargement.  « Mais… c’est un semi-remorque de bouffe qu’ils déchargent là, ou… ? ».

Ok, ils ne sont pas prêts de s’arrêter, Il va falloir s’habiller.

Je râle, interrompue dans mon moment de tranquillité. Quelle retraite !

La musique gueule plein pot, et je rase les murs en direction de la salle de bain.

" T'inquiète, ça va être une belle journée"

Je veux voir un lac aujourd’hui.

Un lac gelé.

Mais lorsque je me perds dans le chemin d’une fermette, après avoir déneigé ma voiture à la main pendant une heure, je me dis que mon GPS est un malin petit farceur qui aime mettre mes nerfs à l’épreuve

"C'est la journée des couacs, c'est ça ?"!

"Mais tais-toi !"

La petite voix râle plus que moi.

Bon, pour devenir un baby bouddha zen, c'est pas encore gagné !
 

L’agriculteur vient à ma rencontre.

« Il arrive, il t’a vu, sauve-toi… vite… il arrive, sauve-toiiiii, viiiiiite ! ». Petite voix se joue de mes nerfs, et elle a trop regardé de thriller la pauvre !

Personnellement, je suis plutôt contente de voir enfin quelqu’un pour m'indiquer le chemin du lac le plus proche.

"Sauve-toi!!! Viiiiteeee"

_ Oh, pour voir un lac Madame, ça va être compliqué, tous les chemins sont fermés. Mais vous pouvez tenter celui qui se trouve en basse ville, à Billon, après le stade de foot. Il faudra prendre tout droit puis à quelques centaines de mètres vous tournerez à droite, puis à gauche puis la 3eme à droite, ou la 2eme peut être, et puis longer le mur, prendre le chemin, puis normalement vous y serez …

" Normalement" !

Je prends note du « normalement ».

Je n’ai jamais réussi à trouver le stade de foot finalement, ni le mur à longer, ni le reste d'ailleurs.

 

Au lieu de ça, je me suis retrouvée à visiter plusieurs villages aux alentours, fière au volant de mon petit bolide.

C’est la première fois de ma vie que je suis une conductrice des hautes neiges. Je la sens craquer sous mes roues, en profitant des points de vue que m’offre cette escapade matinale, à la recherche de lacs, de châteaux.

La lumière est magnifique, la musique joue toujours.

Et moi, je me laisse porter au grès du vent sur ces routes Auvergnates, que j’apprécie tant à présent.

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Le sentiment de Lourde Solitude, je l'ai peu senti ces derniers jours.

J'aime cette liberté.

Et pourtant, aujourd'hui, seule avec mes tartines et mon fromage, assise à l'entrée d'un château fermé pour travaux, les fesses dans la neige et la vue sur le village vide et paisible, presque trop pour un midi, j'ai tellement envie de parler, d'échanger, de discuter de tout et de rien, et de certaines choses en particulier aussi.

"Tu es là en retraite méditative ma fille, une rencontre avec toi et toi même, avec qui d’autre voulais tu parler ?". "Surement pas uniquement avec toi Petite Voix !".

La neige est toujours aussi belle.

J'en fais machinalement des galets de neige, que j'empile tels une sculpture de galets zen, qui devient progressivement dans mon imaginaire, une petite créature des Neiges : "Monsieur Neige"!

Progressivement, je lui confie à demi-mots mes doutes, et mes faiblesses, face à ce monde qui m'échappe parfois, mes peurs face à l’évolution des choses, à l’effondrement, mes questionnements quant à ma place dans ce monde, le but de tout ceci... et tant d'autres préoccupations.

Monsieur Neige m'écoute, sans un mot, me laissant la liberté de poser les miens... il reçoit états d’âmes et prises de conscience, ami imaginaire introspectif, et tellement silencieux...

Plus tard, alors que la légèreté m'est revenue aux détours des chemins empreintès près de la maisonnette, je tombe sur une double paire de pas toute fraiche.

Un binôme de pas ; Humain et chien !

"Roger et Dédé peut-être ?". Peut-être, oui !

"Ah, si seulement j'avais pris mon chien, on aurait fait un doublé de pas !", oui, mais non ! J'oublie vite cette idée... Solitude et égoïsme, sont les maitres mots de cette semaine ! Ne pas l'oublier !

Les pas de Roger et Dédé me mènent loin dans un chemin isolé, entre deux champs.

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Le soleil se couche, la lumière est splendide. Dorée d'un coté, rosée de l'autre.

A couper le souffle.

Quel spectacle magique ! Et dire que chaque soir nous réserve son propre spectacle, unique, fugace, exceptionnel... !

Loin des doutes, la nature vit...

Elle m'invite à la contempler, inlassablement pendant que je m’enfonce un peu plus loin dans le chemin qui me mène je ne sais où, espérant secrètement pouvoir croiser les vrais Roger et Dédé, afin de mettre enfin un visage et une histoire sur ces pas.
 

La Petite Voix s'emballe : "Et si Roger et Dédé étaient des serial killers ? Qui va retrouver ton corps dans ce chemin si tu meurs ce soir ?" 

Je déteste quand elle me fait ce coup-là ! Elle n'a pas vraiment tord cette petite voix, mais, elle n'a pas non plus vraiment raison !

"Tu déconnes ! Qui voudrait... "

Un bruissement étrange venant du fond des arbres capte mon attention, me sortant de ma rêverie.

Je m'approche, me frayant un chemin entre les branches.

Une carcasse de voiture est plantée là.

Elle semble faire partie du décor depuis de très nombreuses années.

"Parfait pour cacher un corps ça ! Ni vu, ni connu, perdue au milieu de nulle part..."

"Comment a-t-elle bien pu se retrouver là... ?"

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Nouveau bruissement, provenant de derrière moi cette fois ci.

Silence de la petite voix.

Les branches craquent, le mouvement se déplace entre les branches.

Je me tourne et cherche du regard la provenance du bruit.

Je ne vois rien. Pourtant, j'entends à nouveau que cela bouge derrière moi.

Mon pouls s’accélère...

Ça se déplace.

"Un animal ? "

"Quel animal synchroniserait ses mouvements sur les tiens ?"

"Ouh punaise... ! File, file, file !"

Je me dépêche de sortir du bois à toute hâte pour reprendre le chemin en direction de la maisonnette.

Je n'entends plus de mouvements derrière moi tant mes pas dans la neige sont bruyants. Pour une fuite discrète, c'est foutu ! 

"Même les yeux fermés on pourrait te suivre !"

"Ah, mais tais-toi donc ! T'as déjà vu des tueurs aveugles, toi ?"

"Avec tout le vacarme que tu fais... C'est sûr qu'il ne va pas te louper !"

"Tais toi, je me dépêche !"

Rapide contrôle du sac : bombe poivre, ok !

" Viser les yeux surtout...au cas où...viser les yeux !... Et reprendre le cardio aussi"

" Et s'il a une carabine ?"

" Tais-toi !"

" ... ou un couteau ?"

" Tais-toi, et continue de courir !"

Remontant le chemin pentu et escarpé, bien plus rapidement que je ne l'avais descendu, malgré les quelques chutes, je décide de me retourner à nouveau, par sécurité, tout en indiquant ma position gps à mes proches "au cas où" !

Le cœur palpitant, il semble vouloir me sortir de la poitrine.

Je contrôle une dernière fois tout mouvement autour de moi... 

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Et d'un coup, en levant les yeux, je découvre un spectacle encore plus surprenant, qui cloue le bec à toutes mes peurs.

Une beauté de ciel violet m'enveloppe de toute sa douceur, comme pour me rassurer.

Absorbant, hypnotisant, envoutant...

Le moment me semble tellement irréel, cette couleur, cette douceur.

Tellement irréel, et pourtant, bien présent.

Douceur d'un monde onirique, cadeau de la vie, que je suis la seule à contempler, là, ici, et maintenant.

Une vague de chaleur m'envahit.

 

Contre toute attente, je stoppe ma remontée effrénée.

 

Je veux me perdre dans ce ciel, dans cette couleur, propice à l'invitation, à la méditation, à l'introspection, au ressentit...

Je veux m'y blottir, tendrement et sereinement.

Plus rien n'a d'importance à présent.

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Le liserer d'or vient se perdre derrière l"horizon, et moi, je n'ai plus peur.

Ni de mes doutes, ni de mes faiblesses, ni de la présence cachée dans les bois...

Et je respire profondément, comme si c'était ma toute dernière fois.

La magie du moment.

La magie, agit...

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Mecredi

Mercredi

Mercredi matin.

Réveil frais. Réveil musique. Réveil douceur. Réveil grinçant.

Mais surtout, dernier réveil de balade, avant de reprendre la route, avant de rentrer "chez moi".

Ce dernier réveil de jour de balade, a également un goût de « Réveil Bilan de la semaine ».

Je suis très sujette aux « bilans de fin de période », tel que les « bilans de fin de journée », ou les « bilans de fin de séance », ou les « bilans de fin d’année », ou les « bilans d’anniversaire ».

Des bilans, encore des bilans, toujours des bilans… ça me filerait presque le vertige.

Et aujourd’hui, le bilan de dernière journée de vacances, me dit que je veux profiter de cette journée dans toute sa longueur, dans toute sa splendeur et son intensité, car demain, demain soir je serai chez moi, et je n’ai pas envie de rentrer chez moi.

auvergne lac ballon

J’ai cette sensation de n’avoir pas suffisamment profité, de n’avoir pas pris suffisamment le temps de prendre le temps.

 

Comme si je n’avais pas suffisamment contemplé, comme s’il me restait encore tant à voir et à découvrir, comme si le temps avait filé plus vite que mes envies, comme si, tout m’avait échappé.

Ce dernier jour à le goût de l’envie, partagée entre félicité, sérénité et insatiabilité…

En profiter une toute dernière fois, garder les yeux et le cœur grand ouvert afin que chaque moment s’y inscrive profondément, en profiter pleinement et intensément.

 

Lac, neige, ballons, soleil, arbres et points de vue sont mes souhaits pour la journée.

auvergne neige arbre soleil

Pourtant, étrangement, j’ai très peu de souvenirs de cette journée du mercredi.

 

J’aurai aimé vous parler de mes sentiments tout au long de mes pas, de mes discussions internes avec madame la Petite Voix, de cette dualité, ou de ces doutes et remises en question qui ont dû me traverser pendant la journée.

J’aurai aimé…

J’aurai aimé vous raconter aussi l’histoire du duo de pas du jour suivit dans la neige, leurs aventures imaginaires créées, comme pour vouloir donner une compagnie à la mienne.

J’aurai aimé...

Mais, de tout cela, je n'ai plus vraiment de souvenirs.

 

Je n’ai plus grands souvenirs de cette aventure interne qui fut la mienne ce jour.

Je me rappelle juste des images des lieux que j’ai vus, à peine des paysages de la journée, des chemins empruntés, des endroits où j’ai glissé, les autres où j’ai trébuché, et ceux où je me suis reposée. Heureusement que les photos sont là...

Mais qu’ai-je ressentis ? Comment ai-je vibré ?

C’est le trou noir…

foret arbres auvergne neige bois ciel nuages

Je me rappelle avoir trouvé ce lac que je cherchais, au bout d’une belle heure de marche dans ce chemin arpenté.

M’être assise à ses côtés, tout en écoutant le bruit de la glace craquer.

 

Je me rappelle avoir fait passer les minutes avec une certaine sérénité, les fesses se gelant  tout en mangeant une clémentine au parfum acidulé sucré, doux contraste avec cette odeur de sous-bois environnant.

Là, je me rappelle avoir apprécié le moment.

Puis, ensuite, je suis suis sortie du chemin, pour longer une route menant jusqu’à une forêt, dans laquelle je suis rentrée.

La hauteur des arbres, le soleil frappant contre les troncs, les pas qui craquaient dans cette neige….  

Le chemin forestier est coupé par une route, que je traverse, afin de continuer ma balade dans celui qui suit.

La neige, commence à fondre là où les quelques véhicules se sont précédemment stationnés, je patauge dans la boue.

Un petit homme d’une cinquantaine d’années se trouve dans le chemin, il est chargé comme un mulet : deux boitiers portés autour du cou, une longue optique 300mm, un sac à dos, un trépied.

Une salutation polie, nous nous croisons, et je continue par le chemin voulant pénétrer les bois à nouveau.

_ Vous venez faire des photos vous aussi ? me demande t'il en pointant du nez mon boitier suspendu autour du cou.

_ Oui, et non…

_ Ah, et vous faites quoi alors ?

_ Je balade… Bonne journée Monsieur !

Et je continue d’avancer dans le chemin, les bois m'interpellent, leur hauteur, leur odeur, leur bruit...

_ Vous baladez seule ?

Je me fige. 

Cette question me dérange.

Encore plus lorsqu'elle m'est posée par de parfaits inconnus. Lourde de sous-entendus ; sexistes, limitants, intéressés, et peut-être même lubriques, je suis certaine qu’on ne la pose que très rarement aux hommes baladant seuls.

_ Pardon ? Pourquoi me demandez-vous cela Monsieur ?

_ Oh… c’est juste par curiosité. Donc, vous baladez… Et vous habitez où … ?

_ Quoi ?

_ Vous êtes du coin ?

_ Je suis dans le coin, pas très loin. Pourquoi ?

_ Pour savoir…

_ Pour savoir ? Bonne journée Monsieur !

Je détourne le regard, mettant ainsi fin à la conversation.

Ce monsieur trop curieux me met mal à l'aise, je veux l'éviter et fais quelques pas vers les bois afin de retrouver la tranquillité.

Le quinqua me suit :

_Et votre appareil… ? Vous faites des photos ? Vous en faites quoi après ? On peut les voir quelque part, ou c’est juste pour vous ?

Mon échine dorsale se raidi…

Cet homme est trop curieux, vraiment trop curieux.

Il se tien à une distance de trois à quatre mètres de moi, tout en faisant mine de farfouiller quelque chose dans son sac qu’il ne sortira jamais.

Son regard est inquiétant, intéressé.

_ Ça dépend… Pourquoi ?

_ Parce que moi, je les mets parfois sur 500px. Et vous alors? C’est quoi votre facebook ?

_ Bonne journée Monsieur !

J’avance de deux pas hésitants dans le chemin, tout en sentant son regard toujours posé sur moi.

Mon dos se tend, je me tourne instinctivement pour lui faire face. Il n'avait pas bougé, voyant que je le regarde, il remet d’un faux air maladroit son sac sur ses épaules, tout en jetant un regard vers le début du chemin, puis vers les bois.

Mon pouls s’accélère.

Il continue de me regarder sans un mot, analysant la situation, tout comme moi.

Nous nous toisons, de longues minutes semble t'il.

Face à face. Seuls, dans ce chemin qui mènent aux bois, je me sens prise au piège.

« C’est pas normal ! »

Au fond de moi, je sens que si je m’enfonce dans les bois, cet homme me suivra, et si je veux sortir du chemin, il me faudra passer à ses côtés. Or je ne veux pas passer à ses cotés, je ne veux pas m’en approcher… je ne veux pas me trouver à moins de deux longueurs de bras de lui.

Il reprend :

_ Et donc… comme ça, vous êtes seule pour balader et prendre des photos…

" OK! Là, c'est vraiment louche !"

Mes muscles se contractent sous l'effet du stress... mon instinct sent le danger, il m'envoie une dose massive de cortisol que je reçois telle une décharge électrique qui me parcours des pieds à la tête, me tordant les boyaux.

Le message est clair !

Ne jamais nier le sentiment de danger. L’écouter... réagir!

_ Seule ? Non, je suis attendue par des amis, là-bas, plus loin.  

Je sors mon téléphone de ma poche.

_ Où ça ? il fait un pas maladroit vers moi.

_ La ville d’à côté Monsieur.

Je lance le partage de position GPS à mes proches.

_ Pourquoi toutes ces questions ?

_ Pour savoir !

« Pour savoir, ok ! Mon cul oui ! »

Immobile, le cœur battant d’insécurité, j’envoie un message aux parents le plus rapidement possible : « Suis là, sur la map, j’ose pas bouger, pas en sécurité, y'a un homme étrange, 1m70 pour 85 a 90 kg, 50 ans, j'ai peur, veux pas qu’il me suive, je sais pas quoi faire. Il a SUV blanc, et plein de matos photo, verste cuir marron ».

L’homme reste toujours là.

Il me regarde envoyer le message.

Je le regarde à nouveau, il me regarde le regarder.

La tension est palpable.

Il n’y a personne dans les parages, aucun passage sur la route.

Il n’y a que lui, et moi.

L’instinct continue de me balancer une dose de cortisol et d’adrénaline puissante, qui augmente mon rythme cardiaque, la gorge se noue, les muscles se contractent, les jambes me tirent, je me sens à la fois présente et déconnectée de cette réalité.

Tout va très vite dans ma tête, et à la fois, semble durer des heures.

Tous les moyens de visualisation sont bons pour trouver une issue à cette situation.

« Ferme les yeux ! Que vas-tu faire ? Comment vas-tu faire ? ».

Je n’avancerai pas dans les bois en sa présence, je ne lui tournerai pas le dos, je ne lui monterai pas mon malaise non plus, ne voulant pas paraitre vulnérable, je ne sortirai pas du chemin ne voulant pas passer à ses côtés, je ne suivrai pas la route déserte qui longe ces bois, il pourrait me suivre…

 

Je n’ai pas de solutions moins risquées que celle-là : rester à cette même place le temps qu’il se décide lui à bouger.

 

Et seulement, à ce moment-là, je pourrai entrevoir une autre solution d’action, ou de fuite qui sait !

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Fuir, se figer, ou attaquer… voila les trois choix inscrits dans notre amygdale depuis la nuit des temps, face aux signaux de danger qui nous sont envoyés.

Parfois, comme hier, je fuis, d’autre fois, très rarement, j’attaque.

Aujourd’hui, je me fige ! Littéralement.

Attendant que le temps passe, que le stress redescende, que la raison revienne, que l’instinct s’apaise.

Mon instinct, dans ces cas de danger, m’a souvent été d’un grand conseil, il m’a aidé à sortir de plusieurs situations risquées. Et cette fois ci, je l’écoute à nouveau.

Pendant de longues minutes, faisant semblant de photographier le château qui se situe sur la colline d’en face, ou d’envoyer des messages, que je n’arrive même pas à comprendre ou à lire, je vois l’individu perdre de l’intérêt pour moi.

Ma stratégie fonctionne : donner l’impression d’être attendue, d’être en contact permanent avec des proches, lui faire croire que ces gens sont du coin, que j’ai vu clair dans son jeu, mais que sa présence m’est insignifiante et que dans tous les cas, il aura surement plus à perdre qu’à gagner…

Il commence à se détourner.

Regagne sa voiture, et fait genre lui aussi d’être occupé dans une succession de manœuvres maladroites, grossièrement effectuées.

Il rangera deux trois affaires, dans son coffre, puis dans l’habitacle, puis en ressortira, pour attendre quelques minutes que le temps passe en continuant de me regarder. Il retournera à son coffre, pour le déranger, s’attaquera à la fouille son sac à nouveau, me regardera encore une nouvelle fois, montera au volant de son SUV, pour en redescendre, et fouillera encore le coffre, ensuite, il reviendra sur son boitier, le regardera de longues minutes, adossé à sa voiture comme s’il contrôlait ses photos, de nouveaux regards à mon encontre, puis en direction de son téléphone portable, puis en direction des nuages, de ses pneus aussi, et de sa portière, attendant que le temps passe… ou que je bouge surement…

Ce cirque durera une bonne vingtaine de minutes, entre le message envoyé aux proches et le moment où il décidera enfin à démarrer, à partir.

Quinze minutes pendant lesquelles je ne bougerai pas d’un iota.

La trouille au ventre.

Quinze minutes, c’est long…

C’est vraiment très long.

Surtout lorsqu’on se sent insécure.

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Ma bombe au poivre glissée dans la poche, je le regarde s’éloigner en longeant les bois jusqu’à perte de vue.

 

Je sors enfin du chemin, contrôlant sa position, je ne le vois plus, l'occasion pour courir…

« Sortir des bois, sortir des bois au plus vite, pour qu’il ne puisse pas nous retrouver ! ».

 

Ensuite, c’est la succession de trous noirs et d’images figées.

Le contre coup d’un état de stress intense…

Je me rappelle avoir repris le chemin qui me ramenait au lac, tout en jetant de rapides coups d’œil furtifs autour de moi, répondre aux messages des parents inquiets : « Es-tu es en sécurité ? », un nouveau partage de position, une réflexion sur mes grigris, et puis rassurer la sœur "je vais bien, je balade là à présent", un apaisement, puis une remémoration de ces souvenirs en situation de danger.

« L’humain reste un prédateur, parmi tant d’autre » me dit la petite voix.

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Les souvenirs de ces histoires me reviennent par flashs, ils sont violents, chargés de stress, accaparent toute mon attention.

Ces histoires me tordent le ventre, me coupent le souffle...

Un nombre incalculable d’histoires…

Tous ces souvenirs... Chargées d'émotions...

Je frôle le malaise, et m'assoie en plein milieu d'un chemin.

Digérer la boule... la digérer enfin, pour réussir à mieux respirer, de nouveau.

Le temps passe.

Insaisissable...

Imperceptible...

Indescriptible...

Tout va bien... Tout va bien... Je vais bien...

Tout va bien...

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La Peur...

Ce magnifique sentiment primaire, au service de la survie, de la protection, de la Vie !

Tant meilleure amie, bonne conseillère, qu’ennemie castratrice, limitante, empoisonnante, momifiante, mortifère...

La Peur...

Quelle place lui donner ?

Quelle écoute lui accorder ?

Quel pouvoir lui concéder ?

Dans quelle mesure ?

Quel équilibre ?

"La peur, est une projection de l'esprit, de ce qui pourrait éventuellement se passer, ou pas..."

"En attendant... Écoute ton cœur, et Vis !"

Seule ou pas... Vis !

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Éloge de la solitude

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Titre 1

Photographies, récit, journal de bord, carnet de voyage

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