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De Là-Haut

De là-haut…

Ce n’est pas si haut en fait.

Quelques dizaines de mètres, quelques centaines de pas de distances, quelques secondes de chutes,  quelques nano-molécules de CO2 en moins, et à peine quelques brides d'émotions de différences.

Et pourtant…

De là-haut, je sens déjà la déviation de cet espace-temps, relativité tant subjective que métaphysique qui nous sépare à présent, vous en bas, et moi…

De là-haut, c'est cette vie qui s'apprécie avec distance, avec ce recul pesant d’un quotidien détaché, qui rend le pas souvent plus léger, plus aéré mais pas moins innocent.

De là-haut, je contemple ces petits points de couleurs qui s’agitent frénétiquement de multiples mouvements au gré du vent et d'autres éléments.

Nos vies font sens différemment, à présent bien plus qu’auparavant.

 

De là-haut, vous êtes si minuscules, malgré ces quelques mètres de vide qui nous séparent, à peine plus gros qu’un pépin de raisin ou qu’une tache de rien.

Insignifiants petits riens...

De là-haut, vous remuez déshumanisés et parfois même névrosés, dénués de tout sens, d’émotions, de sensations, face aux vents et aux éléments que j’en oublierai presque votre humanité, votre unicité, vos vies, votre constance, et la mienne aussi.

De là-haut je vous regarde vous poser, vous exposer, face à ce que nous ressentons différemment à présent, face à ces gens, face à ce temps qui file et défile d'une constante incohérence, donnant pourtant toute la valeur à cet instant dissonant.

Cet instant, qui n’aura d’intensité que la valeur qui lui sera donnée.

 

De là-haut, je ne vous entends plus vraiment… seul le souffle du vent m’apporte le témoignage de la puissance des vagues avec lesquelles vous jouez, la sensation du sable que vous foulez, ainsi que la légèreté de cet air que vous respirez, innocemment, inconsciemment, simplement.

 

De là-haut… Je vous admire, vous fondre dans le paysage, minuscules points colorés et vivaces au milieu de cette mouvante esquisse, sensorielle et émotionnelle.

Je vous vois faire partie de ce tout et de ce rien à la fois, ne sachant plus discerner votre utilité de votre inutilité.

Cette composition élémentaire semble n’avoir de sens que grâce à votre présence.

Et pourtant...

 

De là-haut, les liens s’amincissent tandis que les interconnections s’épaississent, la vulnérabilité transparait, la futilité se fait, pendant que certains d'entre vous disparaissent au delà toute perspective, laissant place à de nouveaux tableaux turbulents.

Impétueux éléments vivants interdépendants.

Et pourtant, de là-haut, je continue sans cesse de vous contempler.

Admiration compulsive d'une mosaïque de vies entremêlées, aliénées, désintégrées.

De là-haut je vous vois vivre, vous imagine vibrer, rire et sourire aussi, j'imagine vos caprices, vos colères, vos passions, vos secrets bien gardés.

De là-haut je ne peux qu’imaginer, inventer, raconter, fantasmer...

Et pourtant… 

De là-haut…  j’ai peine à vous composer avec tant de secrets lourds à porter, tant vous semblez si enjoués, tellement légers.

Quelle allégresse, quelle vitalité.

De là-haut, vous pétillez, paillettes de vies éparpillées, brins de folies disséminés, grains d'émotions explosées.

De là-haut, rien ne peut vous accabler, imperturbables petits points colorés.

De la-haut...

C’est comme si ni le vent ni les éléments ne pouvaient vous affecter.

Vous, mouvant perpétuellement tels ces petits points colorés, frénétiques et névrosés.

De là-haut...

Et vous continuez d'entrer et de sortir du cadre à tout jamais…

Emportant avec vous toutes les histoires que je vous ai racontées, toutes celles que je vous ai construites le temps d'une relativité, et toutes celles que je n'admettrais jamais...

De là-haut…

Juillet 2019

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